Le vice-président du parlement moldave, Vladimir Plahotniuc, aurait-il eu recours aux services d’une société de monnaie électronique londonienne afin de transférer illégalement vers l’Angleterre près de cent millions d’euros ?
Un procès actuellement ouvert à Londres est pour le moment essentiellement orienté vers le côté politique de l’affaire : l’argent détourné a en effet été illégalement prélevé auprès de plusieurs banques (Victoriabank et Moldindconbank) par le biais d’ordonnances judiciaires douteuses.
Les investigations menées par la presse moldave posent néanmoins d’autres questions, notamment concernant l’implication d’un émetteur de monnaie électronique européen « Payza » dans cette affaire de détournement de fonds.
En effet, la filiale moldave de Payza a été clairement identifiée comme l’une des sociétés écrans ayant permises de faire transiter les fonds de Moldavie vers l’Angleterre.
Ci-dessous, l’organigramme des filiales du groupe Payza. L’adresse de la filiale moldave ICS « GSER GRUP » SRL y est indiquée (cf. copie d’écran extraite du site www.payza.com).
Ces graves accusations envers la société européenne se cantonnent pour le moment à la presse du pays, le nom de Payza n’ayant pas encore été cité outre-Manche, où se trouve pourtant le siège social de la compagnie. (exemple ci-après de plusieurs articles de presse russe et roumain mettant directement en cause ICS « GSER GRUP » SRL) :
Les dirigeants de Payza seront-ils convoqués lors de ce procès très attendu ? Avaient-ils connaissance de ces détournements ou sont-ils l’œuvre isolée de la filiale? Comment expliquer les liens entre cet émetteur de monnaie électronique et un haut responsable politique moldave ?
Autant de questions qui exigent une réponse, et ce d’autant plus que Londres est épinglée depuis quelques mois pour son laxisme envers la législation anti blanchiment.
Coupable ou non de ces faits, le comportement de Payza inquiète certains régulateurs.
Chargée de revoir son règlement concernant la surveillance des activités illégales de ses utilisateurs, la société anglaise aurait décidé de passer à l’offshore, en créant EGOPAY sous le soleil de Belize, loin de toute réglementation anti blanchiment. Certains utilisateurs ont ainsi été invités à transférer leurs fonds de leur compte Payza vers leur compte EGOPAY afin d’éviter tout risque de blocage.
Bénéficier d’une licence européenne sous le nom de Payza et mener concurremment des activités non régulées à Belize sous le nom d’EGOPAY, la démarche apparaît comme largement condamnable. Plus que jamais, une révision de la législation européenne concernant les établissements de monnaie électronique se révèle nécessaire afin d’éviter la survenance de telles situations.