Le très juteux marché des monnaies virtuelles semble stimuler l’imagination des entrepreneurs au plus haut point. Dernière idée en date de la société russe « Erobank » : jouer aux apprentis banquiers en proposant à tous des emprunts rapides en monnaie virtuelle. Cependant, afin de ne pas adopter le statut d’établissement de crédit qui lui seul permet d’accorder des prêts, la « Erobank » (simple société commerciale) a tout simplement décidé de le contourner en jouant sur les mots. La terminologie utilisée est en effet très rudimentaire : soit l’internaute donne, soit il prend à la Erobank, une manière simple de ne pas employer les mots « crédits » et « épargne ».
Si l’internaute choisit de déposer une partie de ses fonds en monnaie virtuelle, il s’enrichit sur les taux d’intérêts ; s’il choisit d’emprunter, il peut accéder à d’importantes sommes d’argent en quelques minutes (jusqu’à 10 000 dollars).
Exemple de simulations d’amortissements proposées par la société avec les taux d’intérêts correspondants. La monnaie virtuelle concernée est le WMZ, sa valeur étant équivalente au dollar (le WMZ est l’une des monnaies officielles de Webmoney, très connue dans le monde des jeux en ligne).
Suivant la somme (de 500 à 3 000 WMZ, de 3 001 à 6 000 WMZ ou de 6 001 à 10 000 WMZ, des taux d’intérêts sont indiqués par jour ou par an). Les taux de ces derniers varient suivant la durée de remboursement de l’internaute (de 90 à 365 jours).
Une telle activité apparaît comme très risquée sur de nombreux domaines :
- Les prêts sont consentis à des titulaires de comptes virtuels difficilement identifiables. Que se passe-t-il en cas de non-remboursement de l’emprunteur ?
- Les comptes Webmoney et les comptes de jeux en ligne recourant à cette monnaie virtuelle sont régulièrement hackés. Il ne peut donc être exclu qu’un pirate s’enrichisse frauduleusement en revendant des WMZ qui ne lui appartiennent pas.
- En cas de non-remboursement de certains de ses clients, la Erobank s’engage-t-elle à indemniser les créanciers légitimes ? Où leur argent se volatilisera-t-il en cas de faillite et de disparition de la société ? Loin de ces préoccupations légitimes, la Erobank a actuellement pour principal objectif de dépoussiérer l’image du crédit en le rendant jeune et dynamique, à l’image des jeunes filles ambassadrices de la société.
À mi-chemin entre les programmes d’investissement à haut rendement (HYIP) formellement interdits et une activité bancaire classique, le développement de la Erobank mérite d’être suivi afin d’observer si les utilisateurs de monnaie virtuelle s’intéressent à de tels projets et encouragent leur croissance. L’octroi de prêts en monnaie virtuelle reste dans tous les cas une exception qui, si elle se généralisait, révolutionnerait le monde de la finance.